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Je n’aime pas l’uniformité
Daphnee Karen Floréal, haïtienne, mère de 2 enfants, est une professionnelle évoluant dans plusieurs secteurs, tel que le management, l’organisation d’évènements et la création d’accessoires. Âgée de 35 ans, elle est détentrice d’un Executive MBA de l’université de Notre Dame et de IAU, Porto Rico. Elle est fondatrice de Bijou Lakay, une entreprise née de son amour pour ses bijoux, particulièrement les bijoux exotiques et peu communs. Elle nous raconte son parcours depuis les 15 dernières années.
Le National : Pouvez-vous présenter Bijou Lakay à nos lecteurs
Daphnee Karen Floréal : Bijou Lakay existe depuis 15 ans et a commencé de manière très simple. Avant, nous étions essentiellement dans l’achat et vente de bijoux en corne de bœuf. C’était pour moi une façon de gagner mon argent de poche quand j’étais encore étudiante. Vu que j’adore les bijoux, j’avais commencé à créer mes propres bijoux avec mes designs rien que pour moi. Puis, quand j’ai réalisé l’intérêt de mon entourage pour ces nouvelles pièces, j’ai décidé de les commercialiser.
Notre première participation à Artisanat en Fête, en 2007 a été un succès et de la, nous nous sommes lancés. Par la suite, nous avons eu l’opportunité de voyager pour prendre part à des missions tant culturelles, commerciales ou diplomatiques qui ont renforcé l’image de la marque et son public, dans plusieurs pays/villes telles Barbade, France, Suriname, Trinidad, Brésil, Jamaïque, St Martin, Londres, Milan, Miami, Atlanta. Pour le moment, Bijou Lakay a des partenaires aux USA, Jamaïque, Martinique, Guadeloupe
En 2014, on a décidé de créer un website pour la promotion de la marque et en 2017, nous avons pu formellement lancer notre e-shop toujours à travers www.bijoulakayhaiti.com
L. N. : Comment vous êtes-vous lancé dans la confection de bijoux? Qu’est-ce qui vous a poussé ?
D. K. F. : J’adore les bijoux exotiques, qui sautent à l’œil et sont différents. Je n’aime pas l’uniformité donc les bijoux en métaux précieux très traditionnels ne sont pas mes préférés. Donc ce choix a été effectué tant pour des raisons économiques que créatives. Je crée les concepts, collections et un atelier d’artisans les exécute pour la ligne.
L. N. : Quels sont les obstacles que vous rencontrez dans ce domaine en Haïti?
D. K. F. : Le plus grand obstacle demeure le problème de droit d’auteur. En Haïti , n’importe qui peut copier, dupliquer sans crainte tes créations sans peur de représailles.
L’autre problème est l’accès aux intrants de finition et d’emballage qu’on est obligé d’importer. Et pour finir, le marché est très mince avec peu de personnes capables de consommer nos produits vu la précarité dans laquelle vit la majorité de la population. Le pouvoir d’achat haïtien est très faible.
L. N. : Qu’est-ce qui vous inspire lorsque vous créez vos bijoux?
D. K. F. : J’ai plusieurs sources d’inspiration, mais la culture haïtienne, plus précisément le vodou sont très présents à travers mes pièces. Mes voyages, visites aux musées, mes lectures et autres sont également des sources de création. J’ai eu à créer une collection spéciale autour du thème du SIDA pour AHF. Dans ce cas, j’ai dû matérialiser, donner vie à des émotions.
L. N. : Quels sont vos rêves pour Bijou Lakay? Où voyez-vous votre entreprise dans les années futures
D. K. F. : Je souhaiterais que Bijou Lakay soit connu et porté un peu partout à travers le monde, mais surtout dans la Caraïbe et sur le continent africain.
Dans quelques années, je vois une entreprise mieux structurée et présente à travers des boutiques physiques et en ligne sur le marché international. Localement, je souhaiterais que Bijou Lakay devienne une référence pour ceux qui veulent se lancer dans le secteur de l’artisanat.
Le National : Quelle est votre plus grande satisfaction pour Bijou lakay? Votre plus grand accomplissement?
Daphnee Karen Floréal : Bijou Lakay a effectué un travail extraordinaire en modifiant la perception de l’artisanat haïtien. Grâce à nos catalogues et le choix de nos mannequins, beaucoup de personnes se sont retrouvées dans la ligne et dans l’artisanat. Maintenant les produits artisanaux locaux sont portés par toutes les couches sociales.
Pour le moment, je suis fière de mon parcours, mais je reste tout de même éloignée de mon but. Bijou Lakay a reçu plusieurs reconnaissances de Forbes, Amina et de prix d’autres structures comme la Bienal Ibeamericano de Diseno de Madrid, de Digicel Haiti et de Caribbean Style and Culture basé à Washington. Je souhaite tout de même porter ma compagnie comme étendard pour représenter notre culture et notre pays.
Propos recueillis par :
Soraya Louis
News Website:
www.lenational.org